Jean-Marie Boomputte

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jean-marie-boomputte-minAprès des études à l’Institut Saint-Luc de Gand d’où il est originaire, l’artiste Jean-Marie Boomputte poursuit sa formation aux académies de Wavre et Boisfort.

 


Ces cours lui ont sans aucun doute appris beaucoup, mais les expositions n’étaient pas encore en vue. A plusieurs reprises, son œuvre fut qualifiée d’incohérente. « Un peu Van Gogh, un peu Somville, un peu Permeke,… Et finalement, les galéristes avaient raison », avoue Boomputte . En parcourant les archives photographiques de ses œuvres, il est en effet impossible de nier les influences de Permeke. Il n’y a pas de hasard : le peintre connaît bien l’école de Laethem à laquelle il est d’ailleurs géographiquement lié. Il n’est donc guère surprenant qu’il mette en scène des personnages ruraux et massifs aux teintes sobres et sombres tels qu’il les avait croisés dans son village natal.

 



Après avoir arrêté ses cours, Boomputte commence à actualiser ses figures traditionnelles. A partir de 1990, les sarraus de paysans quittent la scène et laissent leur place aux personnes que l’artiste rencontre au quotidien : les bourgeois et les bons vivants, non sans lien avec la chanson de Jacques Brel dont il est un grand admirateur. Les hommes et les femmes qu’il peint encore aujourd’hui font leurs premières apparitions vers 1992-1993. De nos jours, ils ont gagné en élégance et en raffinement, mais aussi en rondeurs plus accentuées.

Les prototypes

« Regardez autour de vous. Asseyez-vous sur une terrasse » lui avait suggéré un de ses professeurs. Boomputte s’est rendu sur la place du Jeu de Balle à Bruxelles et il y a vu une immense diversité de personnages. Les dames chic en talons aiguilles exerçaient sur lui une fascination toute particulière. Elles s’habillaient en motif Burberry et mettaient la « final touch » à leur allure avec un sac à main de marque prestigieuse. Hermès, Louis Vuitton, Delvaux, rien que des grands noms pour souligner davantage leur position sociale. Elles sont blondes pour la plupart, bien en chair mais sympathiques. Leurs robes sont trop étroites et d’un rouge m’as-tu-vu, tout comme leurs chaussures trop petites à talons trop hauts. Ce sont ces femmes-là qui apparaissent sur les toiles de Boomputte.
Quant aux messieurs, ils sont chauves, arrogants, arrivés et satisfaits de leur situation. En costume-cravate club la plupart du temps, ils donnent une impression de frivolité et d’étourderie parvenue. Le look semble endimanché, plein d’effort, et finalement caricatural. Leur allure surdimensionnée est à l’image de leur identité d’anti-héroïsme désolé.

Le fameux rouge de Boomputte

Rarement identique, mais toujours présent. Parfois carmin, puis cadmium, d’autres fois écarlate ou plutôt vermillon. « Je tiens à mon rouge. De préférence du rouge à l’huile, l’acrylique n’a jamais pu me satisfaire. Même si j’ai du rouge en abondance, j’en achète toujours de nouveaux tubes. Parfois, j’essaie d’éviter les couleurs vives, mais je ne peux m’empêcher d’appliquer du rouge » confie l’artiste. 

Le critique Stéphane Rey a lancé le terme de « l’expressionnisme bourgeois » à propos de l’œuvre de Jean-Marie Boomputte. L’artiste en a été positivement touché. Il serait le seul représentant de la tendance. La réminiscence des expressionnistes flamands cachée dans le terme lui semble appropriée et le choix continu du thème explique le qualitatif « bourgeois ». Le peintre tient pourtant à préciser : « Même s’il m’arrive de temps à autre de porter des vêtements de marque, je préfère ne pas être vu comme un bourgeois ou un « snob ». Je m’ouvre à toutes les couches de la population. » Boomputte est d’ailleurs un belge pur et dur qui ne cherche nullement à le cacher. Flamand de naissance, il habite actuellement en Brabant wallon. « Les troubles communautaires créent une tension inutile. Je ne comprends pas ces disputes occasionnelles. Moi, je me sens belge et je me sens bien ainsi. » 


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