Auteur d’une trentaine de romans, Xavier Deutsch est né à Louvain le 9 février 1965. Il est docteur en Philosophie et Lettres de l’Université Catholique de Louvain. En janvier 1989, il publie son premier roman : « La nuit dans les yeux » chez Gallimard. Il a reçu divers prix littéraires; notamment le prix Victor Rossel en 2002 pour son roman « La belle étoile ».
Il a publié également des dizaines de nouvelles, des pièces de théâtre, des chroniques dans la presse et des contributions de toutes natures. Pour la sortie récente de son dernier roman « La Dyle noire », nous vous proposons de découvrir un peu plus l’univers de cet auteur dont le profil bienveillant nous a particulièrement marqué.
PBW : Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir romancier ?
XD : C'est toujours une question à laquelle j'ai du mal à répondre. En fait, la réponse est dans la question : j'ai commencé à écrire des romans, simplement, parce que j'en ai eu envie. Quant à savoir quelle a pu être la source, l'origine de ce désir, je n'en ai aucune idée. Sait-on, dans la vie, ce qui nous pousse vers telle voie ? Ce qui nous rend amoureux de telle personne ? Ce qui est certain, c'est que je n'ai été poussé ni par le désir de devenir riche, ni par le désir de devenir célèbre : ni la fortune ni la notoriété ne m'attirent particulièrement.
PBW : Est-ce que c'est votre seul métier ?
XD : C'est mon métier, oui. Depuis 1996. C'est très important pour moi. La littérature n'est pas un gadget, elle a de la valeur pour les humains que nous sommes et je trouve naturel de la mettre au milieu de ma vie, et pas dans les périphéries. Elle mérite que je m'y consacre d'une façon professionnelle, et pas comme si elle n'était qu'un hobby que l'on pratique le dimanche ou durant les vacances, quand le « travail sérieux » est terminé. Ecrire des romans, c'est une véritable compétence. Et, comme toutes les compétences, cela réclame du temps, de l'investissement, de la pratique. Bref, du professionnalisme. On trouve normal qu'un médecin exerce la médecine chaque jour, ou qu'un boulanger passe ses semaines dans sa boulangerie. A mes yeux, c'est pareil pour la littérature.
PBW : Est-ce que vos romans sont autobiographiques ? Est-ce qu'ils racontent des épisodes de votre vie ?
XD : Non, bien sûr que non ! Un roman ne sert pas à cela. Dans mes romans, je ne parle pas de moi, je ne raconte pas ma vie. En littérature, cela n'a aucun intérêt. Ceci dit, c'est inévitable : des bribes de ma propre existence peuvent émerger, mais je ne le fais pas exprès. On écrit avec ce que l'on est, avec ce qui nous constitue, et des fragments de la vie de l'auteur apparaissent fortuitement. Cela peut arriver, cela arrive forcément. Mais ce n'est pas le but et, lorsque cela se passe, c'est inconscient, et c'est transformé, c'est passé par la profonde et vaste « digestion » de l'imaginaire. Autrement, je le redis, vous ne seriez pas en contact avec un roman, mais avec le personnage de l'auteur qui aurait envie de vous parler de lui. Il se peut très bien que ce soit intéressant, mais dans ce cas on n'est plus du tout dans un contexte littéraire.
PBW: Avez-vous un auteur et un roman préféré ?
XD : Un auteur préféré oui, je dirais Simenon, c’est vraiment mon père en littérature. Il y a beaucoup d’auteurs que j’aime mais Simenon émerge vraiment comme une figure particulière pour moi. Maintenant, citer un roman, c’est très compliqué car il a écrit plus de 200 livres et c’est très périlleux d’isoler un de ses romans mais s’il fallait vraiment en citer un alors je dirais « Maigret s’amuse » pour lequel j’ai vraiment une tendresse particulière.
PBW : Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre rubrique dans le magazine Gaël ?
XD : Dans les pages de Gaël, j’occupe une rubrique dans laquelle on me demande de parler des femmes de ma vie donc les femmes que j’ai rencontrées, que j’ai vues parfois de manière durable ou parfois très courte et qui m’ont laissé des souvenirs, des perplexités, des questions, des ébranlements, des amusements,… Donc, chaque mois, dans Gaël, j’évoque une des femmes qui ont eu de l’importance dans ma vie et j’explique de quelle manière a été cette importance. Ce sont des personnes que j’ai rencontrées sur le plan professionnel, sur le plan amoureux, sur le plan sexuel, sur le plan du divertissement ou à l’occasion d’une soirée entre amis.
PBW : Mis à part l’écriture de romans, quelles sont vos autres grandes passions dans la vie ?
XD : Je dirais d’abord que, globalement, je m’intéresse à la vie en général. Je suis quelqu’un de très curieux, j’achète le journal tous les matins et je m’intéresse à presque toutes les pages parce que je suis curieux aussi bien de ce qui peut se passer de l’autre côté de la Terre qu’à ce qu’il se passe dans mon jardin. Je m’intéresse aux matches de foot, aux expositions de peinture, à la politique et j’ai une grande curiosité pour tout ce qui concerne la vie en général.
Maintenant, si je devais identifier une passion en particulier, je dirais la photographie et la photo érotique en particulier. Je suis photographe amateur et je suis aussi modèle. Donc il m’arrive de poser comme modèle soit pour des photographes soit pour des ateliers de peinture, de dessin,…
(ndlr : Xavier Deutsch est membre de l’association de modèles CroquezNous asbl en Brabant wallon – www.croqueznous.be)
PBW : Comme vous appréciez les photos érotiques, pensez-vous un jour écrire un roman qui a trait à l’érotisme ?
XD : En fait, j’ai déjà écrit pas mal de nouvelles érotiques soit de ma propre initiative, soit sur commande. Notamment, il y a un site sur lequel j’en ai publié quelques-unes, c’est un site qui est dédié à ce domaine : www.nouvelles-erotiques.fr. Sur ce site, j’ai publié trois ou quatre nouvelles. Aussi, j’ai un petit roman érotique que j’ai envoyé à un éditeur et on verra ce que cela va donner. Sinon, dans quelques-uns de mes romans, il y a des épisodes un peu sulfureux, un peu choquants parfois. Au total, je pense avoir écrit une dizaine de petites nouvelles soit qui ont été publiées sur le site dont je vous parle soit en privé. Il m’est arrivé qu’une personne me demande un petit texte érotique et donc je lui écris et je lui envoie.
PBW : Avez-vous un adage, un proverbe, une expression, une citation,… qui résonne en vous plus particulièrement et que vous appliquez dans votre vie ?
XD : Il y a une phrase qui a de la valeur à mes yeux, que je n’applique pas tous les jours mais sur laquelle je m’appuie vraiment : « Que votre oui soit un oui, que votre non soit un non ». C’est une valeur que je donne à la question de l’engagement. Je trouve que dans la vie c’est important que l’on se consacre à un métier, à une relation, à un travail,… et de faire les choses avec une certaine permanence.
PBW : Qu’est-ce qui vous touche, vous émeut le plus ?
XD : Ce qui me touche le plus dans la vie en général, c’est la gentillesse, la bienveillance, la loyauté. J’ai l’impression parfois que l’on vit dans un monde un peu cynique avec des valeurs négatives qui flottent autour de nous, un monde qui n’est pas toujours doux et moi, j’attache énormément d’importance dans les relations que j’entretiens avec mes proches ou avec des gens que je ne connais pas. Cultiver la gentillesse et la bienveillance et recevoir la gentillesse des gens qui me l’adresse; spontanément, ma première réponse serait celle-là.
PBW : Avez-vous déjà eu l’angoisse de la page blanche ?
XD : Jamais. J’ai un peu de mal à comprendre les auteurs qui ont peur de la page blanche et on en revient à la réponse de la question précédente. L’angoisse, c’est un sentiment dur et s’il y a des auteurs qui éprouvent de l’angoisse, pourquoi écrivent-ils si la page blanche leur fait peur, les angoisse ? Quel plaisir trouvent-ils dans l’écriture ? Pour moi, écrire, que ce soit un roman, une nouvelle, … c’est un bonheur. Une page blanche m’appelle avec appétit, avec gourmandise, avec plaisir. Je suis sur terre pour être heureux, pour m’épanouir et certainement pas pour éprouver de l’angoisse donc si la page blanche devait me procurer de l’angoisse, je changerais de métier.
PBW : Quelle est votre plus grande peur ?
XD : Je vais vous répondre franchement que, de manière générale, je n’ai pas peur. La peur n’est pas un sentiment avec lequel je vis. Comme je le dis plus haut, j’ai vraiment besoin de vivre dans la bienveillance, la sécurité. Donc la peur n’est pas un sentiment fréquent pour moi. Il y a peut-être une chose dans ma vie qui pourrait me faire peur, c’est que, j’ai un grave défaut, je fume. Et je crois que si je devais avoir peur de quelque chose, ce serait d’apprendre une mauvaise nouvelle du côté de mes poumons ou un truc comme ça. Ceci dit mon métier n’est pas un métier tranquille, il y a toujours une certaine précarité financière. Je ne suis jamais tout à fait certain d’avoir des rentrées d’argent mais j’ai confiance dans mon métier, j’ai confiance dans la vie et donc je n’ai jamais réellement peur.
PBW : Y a-t-il des endroits en Brabant wallon que vous appréciez particulièrement ? Cela peut être un site pour une ballade, un restaurant,… ?
XD : Vous me croyez si je vous réponds « mon jardin » ? La réponse est sincère. Il y a également ma maison et ma rue. J’habite à Chaumont-Gistoux. Honnêtement, c’est un bonheur d’habiter ici. J’ai des voisins adorables. Donc le premier lieu que j’ai envie de citer, c’est mon jardin, ma maison, ma rue. Et après, oui, j’aime me promener dans les bois derrière Chaumont-Gistoux. Si je dois penser à d’autres endroits, je me promène volontiers à moto sur les petites routes, sur les petits chemins d’un village à un autre que ce soit du côté de Perwez, Genappe, Villers-la-Ville,… Je dirais même toutes les petites routes du Brabant wallon que j’ai pu parcourir à moto. Cela est vraiment représentatif du rapport que j’ai avec le Brabant wallon ; un rapport de promenade.
Retrouvez Xavier Deutsch sur www.xavierdeutsch.be
Xavier Deutsch a choisi la ville de Wavre pour y inscrire son intrigue et dérouler ses chapitres. Les Wavriens s’amuseront beaucoup à reconnaître les rues, les lieux-dits et les ambiances de la ville. Même les patronymes des personnages sonneront juste aux oreilles des Macas.
La collection
"La Dyle noire" est le treizième ouvrage de la collection Kill & Read aux éditions Luc Pire. Tous rédigés par des auteurs belges, les romans de cette collection ont pour cadre des villes, sites ou lieux-dits de Belgique. Bref, des endroits bien de chez nous.
Le livre
Eté 1944. Alors que les Alliés traversent l’Europe pour la libérer de l’Occupation allemande, un cadavre est découvert dans une petite maison du bord de la Dyle, quai du Trompette, à Wavre. Un cadavre, alors que la fin de la guerre approche ? Quoi de plus banal ? Un policier pressent cependant que cette mort ne doit rien aux circonstances historiques et qu’on se trouve en présence d’un meurtre crapuleux. En dépit de ce que lui recommande son chef et sans craindre les balles qui sifflent de toutes parts dans la dernière confrontation entre les libérateurs britanniques et les soldats allemands, il cherche à résoudre cette étrange affaire.
Sortie du livre : février 2015
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